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18 février 2016
Exposition personnelle - Nyon (Suisse) "Rêves d'enfances"
Espace Murandaz Nyon (Suisse)
LES ACTES DE L’ENFANCE

Etre dans cette disponibilité afin de faire émerger des fragments de mille moments éprouvés, même à son insu, et dont se remémore le corps. Être dans cette concentration pour que prennent forme les traces de ces milliers de bribes de sentiments qui constellent l’esprit. Être dans cette vitesse dont parle Henri Michaux à propos de la peinture chinoise, de sorte que le geste de création soit habité de la violence éruptive sans laquelle l’art n’est pas.

Que le papier Arches accueille le mouvement de ses débordements et de ses énergies qui en architecturent l’espace.
Que la feuille témoigne de ce désordre et en même temps des volontés qui en organisent les lieux et aussi les passages secrets.
Que le brou de noix donne profondeur à ces scènes abstraites dont émergent des silhouettes parfois, des corps dont on acquiert la conviction qu’ils s’émancipent de la gangue de rêves fantasques et de la mémoire endolorie par des cauchemars.

L’épaisseur des matières entrelacées où le peintre incruste parfois comme des fenêtres de couleurs au travers de reliefs accidentés donne les dimensions fantasmatiques d’une œuvre marquée par la solitude – voir les traits des dessins les plus minimalistes, - ces voies d’errance aux croisements incertains ou au contraire affirmés. Par ailleurs, même à croire ces « rêves d’enfance(s) », mais qui relèvent à l’évidence d’une précocité salutaire et d’interprétations propres à l’âge adulte, force est de jouir des pulsions données en partage – voir les corps longilignes portés par des saillies d’énergies irrésistiblement sexuelles. Et les quatre grâces aux seins et hanches généreusement galbées sont noires comme ces fantasmes que l’on peine à s’avouer.

Quant aux triptyques, qui esquissent le désir du peintre d’un récit décliné en plusieurs plans, ils paraissent fragmenter en une répétition inquiète et dense l’ enchevêtrement des volumes en jeu. De celles qui creusent les entrailles de corps afin d’en faire rendre les pulsions de la vie et de la mort, du sexe et de ses petites morts.

Le travail de Bernard Boujol nous convie à écouter ces soixante-dix dessins isolés parmi un ensemble de deux cents, à regarder les échos de peurs apprivoisées, de désirs éprouvés, de colères cathartiques, de silences fragiles. Et il convient tout autant de le rencontrer lui, le peintre, avec toute l’attention attendue et notre sens de l’humour en éveil : n’est-ce pas bien lui, ce personnage clownesque rehaussé d’un soleil, dégagé des embruns du brou de noix, pour de ses yeux rouges nous dévisager avec malice ?


Jean Perret professeur HEAG Genève / section cinéma du réel
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