« E la nave va » est le nouveau voyage pictural proposé par l’artiste peintre Bernard Boujol. Au fil des toiles, le visiteur s’aventure dans les réflexions d’un homme aux révoltes tranquilles.
Il nous parle de Gaza, de Bagdad, de la nature, de notre chère Helvétie… on s’interroge alors sur ce rapport aux choses et sur cette incapacité que l’on peut avoir à défaire la réalité de l’imaginaire.
1983 : année ou F. Fellini sortit son film « E la nave va », année où Bernard Boujol ouvrit son atelier d’architecture; deux événements complètement dissociés mais qui des décennies plus tard donneront du souffle à l’inspiration.
2010 : l’artiste peintre est un homme qui s’est retiré de la vie professionnelle et qui se sent libéré de son devoir de réserve; il se confronte à nouveau à la formidable réflexion d’un cinéaste sur la société de l’information et des excès de la médiatisation qui nous éloigne de plus en plus d’un rapport à l’authentique.
Avant d’arriver dans le cœur de la galerie, on s’arrête dans le sas pour découvrir un aparté nommé « Métaphore », une série de petits formats sur la vie d’une fleur qui a occupé l’esprit de Theodore Monod durant l’entier de sa vie.
Ensuite, on découvre ce tour du monde incongru, entre traumas de la guerre, merveilles de la nature et souvenirs d’Afrique. Il y a beaucoup de noir, du rouge sang et l’on ressent parfois une intense violence.
On s’arrête avec intérêt sur «confusion helvétique» et «noire cité» ; plus loin, il y a «combat» et encore plus loin «noël à Gaza».
L’œil est attiré par les textures, par les couleurs et les intentions, le cœur lui est arrêté par les interrogations que les œuvres imposent.
L’artiste a mélangé les techniques et ses sujets, bien plus que d’habitude. Mais c’est qu’il a beaucoup à dire, car cette vie le choque, car ce qu’il lit ou voit le perturbe souvent. Ce qui dérange la conscience à quelque chose de rugueux et cette rugosité elle, frôle les yeux avec une certaine ironie.
Et vogue le navire ! Car malgré toutes ces toiles et cette ultra sensibilité aux choses et à l’autre, rien ne changera vraiment. Pire, rien n’est certain… si ce n’est qu’un jour, on se sera posé une ou deux questions grâce à un homme serein qui a toujours pris la liberté de mener sa propre barque.
Perrine Rouiller
|
